Retrouver la fiction : naissance d’un roman jeunesse
Enfant, l’écriture me passionnait. Après avoir clamé comme de nombreuses petites filles que je voulais être maitresse, j’ai souvent répété que je désirais devenir écrivaine, ce à quoi l’on m’a répondu : ce n’est pas un métier ! J’imagine que c’est la réponse classique qu’ont entendue tous les petits et petites aspirants écrivains et écrivaines.
J’ai continué malgré tout de noircir des cahiers et des feuilles volantes rangées soigneusement dans des classeurs, puis un jour j’ai arrêté.
Des années après que j’ai publié mon récit autobiographique Noire et musulmane, je suis tombée sur mes anciens cahiers et classeurs. Quelle surprise de découvrir que j’écrivais de la fiction !
Le doute de ne plus savoir écrire de fiction
Écrire des fictions ? Je ne m’en sentais plus capable parce que cela faisait des années que j’écrivais des articles d’opinion sur l’actualité des musulmans. Je tenais aussi deux blogs : l’un dédié aux ouvrages sur les musulmans et l’islam et l’autre sur les personnes sans enfant d’un point de vue islamique. La fiction était bien loin.
Pourtant, j’ai décidé de tenter et devant la page blanche l’idée d’un roman jeunesse est née.
Des personnages de confessions musulmanes
Ce dont j’étais certaine c’est que le héros serait un jeune garçon. Je souhaitais également que cela se passe à une époque lointaine. Je voulais que mes personnages soient de confession musulmane parce que ce n’est pas courant : les seuls livres avec des héros musulmans que je connais sont essentiellement éducatifs avec l’instruction de l’islam comme ligne éditoriale et non pas l’évasion ou l’aventure.
Il est vrai que l’histoire de Naïm et la charrette invisible tournent autour de l’instruction ; l’idole de Naïm est son professeur de religion, mais je n’y décris pas les cours. Seuls le parcours et la quête de Naïm importent.
Naïm laisse un meilleur ami dans son village et rencontre tout le long de sa quête de nouveaux amis. Il n’est pas seul, il peut toujours compter sur quelqu’un pour le soutenir, l’encourager.
Pourquoi une femme savante en sciences religieuses ?
Les femmes des premiers temps de l’islam étaient très instruites et très recherchées. Elles ont formé de nombreux hommes savants en sciences religieuses aujourd’hui considérés comme des références dans les communautés musulmanes. Des ouvrages y consacrent d’ailleurs des pages. Des historiens ont recensé une centaine de femmes savantes en sciences religieuses. Alors, le choix d’une quête à la recherche d’une femme savante s’est imposé. C’était ma façon de rendre hommage à ces femmes et de mettre en lumière ce détail de l’histoire occulté.
Dans Naïm et la charrette invisible le professeur de Naïm est un ancien élève de la cheikha Sofia Bint Issaq une femme illustre et mystérieuse à la fois. Tout le monde ne peut pas devenir son élève. C’est là que j’introduis la magie de l’histoire : Naïm doit réussir des épreuves bien particulières afin de faire partie du cercle fermé des étudiants de la cheikha Safia Bint Issaq.
Le choix des prénoms
Le prénom Naïm ne s’est pas imposé tout de suite, je ne voulais absolument pas les prénoms classiques portés par les musulmans auxquels nous sommes habitués dans la sphère francophone.
Il m’a suffi de feuilleter un livre sur les femmes savantes aux premières années de l’islam pour m’inspirer le nom de la cheikha Safia Bint Issaq.
Rana est un autre personnage central, je lui consacre d’ailleurs un livre que j’espère publier prochainement.